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L'aigle vole seul ; ce sont les corbeaux, les choucas et les étourneaux qui vont en groupe. (John Webster )

L'aigle vole seul ; ce sont les corbeaux, les choucas et les étourneaux qui vont en groupe. (John Webster )

Un mot ce n’est d’abord presque rien
Quelques consonnes pour se consoler
Et des voyelles pour les voyous
C’est si peu, un mot qu’on en dit mille
Sans conserver souvenir d’en avoir dit un
Pourtant c’est terrible ! un mot
Cela peut tout faire et presque tout dire…
Les discours enflammés d’un histrion,
Et le voici empereur !, dictateur ou chefaillon
L’éloquence d’un hypocrite, le voilà adulé et écouté…
La vérité ; c’est celle de l’instant, souvent maladroite et toujours niée
La vérité, on s’en fiche !
C’est l’autre, cet alter ego si dissemblable
Notre frère, notre sœur qu’il nous importe de vivre ensemble
il n’y a pas à dire la vérité, peut-être la crier
Il nous suffit de l’incarner et d’en disposer
Le verbe transcende le mot, ce dernier avatar
Ultime rempart contre la barbarie du sensible
N’est-on toujours le barbare d’un barbare autre ?
L’autre* disait que l’on était encore dans la préhistoire
Vienne l’histoire et nous saurons faire le saut
De la préhistoire à l’histoire de l’humanité
Et l’on ne se gaussera plus d’écrire sur les frontons
Que ce soit, Liberté claironnée sur nos prisons et asiles
L’égalité inscrite sur les façades des palais de princes
La fraternité clamée dans les bagnes industriels
et aux enseignes lumineuses des magasins de luxe
Dans ce monde immonde où l’écrit est un acte
Pourvu que l’acte de justice demeure écrit
Aussi longtemps qu’on est légalement libre (de ne rien faire)
Le révolutionnaire croit émouvoir en nous bouleversant
D’une dictature du geste, il passe à une dictature du mot
Simple changement quantitatif où on veut du qualitatif
D’une dictature du prolétariat qui se devait être provisoire
À une dictature sur le prolétariat et autres misères qui se fit permanente
D’une démocratie, populaire ou non
À une autre démocratie ni de droite ni de gauche
Et surtout pas au centre et qui est nulle part !
Quand la médiocratie se maquille en médiacratie
Qui fragmente, hiérarchise et homogénéise l’Individu
Dernière et ultime valeur…
Cet individu qui n’est plus qμe ce qμ'il possède
En majorité, rien et tout pour les nantis
Écrasé, brimé, frustré, mutilé, pillé et maltraité
Battu, cocu, perdu et nu…
Qu’on ne prend plus la peine de l’estimer, si peu il existe
L’or et l’argent, la finance et le capital, les richesses
Autant dire toutes les forces de négation
de la propriété de soi
La société lui a tout « offert » et le crédit pour survivre
La misère d’abord et ensuite la servitude en paquet cadeau
Garantie fin de vie comme récompense
des bons et loyaux services au labeur
Comme individu, il croyait naïvement avoir le droit
à une part infime
Pourtant des droits, il en avait au moins deux !
Se taire et obéir
Un mot, ce n’est d’abord presque rien
Il ne s’agit que d’un de ces mille insignifiants
Que par commodité ou par paresse l’on prend pour du langage
Là où il n’y a – et encore – que du vide
Entre deux tranches de néant
Un mot forgé dans l’airain du cœur
Un mot ciselé dans la pureté de l’esprit
De ceux-là, il y en a si peu, qu’ils peuvent être exclusifs
à peine nécessaire de les transcrire…
Si peu expressif d’avoir été mésusés et abusés
et surtout par trop oubliés

JrB, Ensiheim, 8 septembre 1982

* Karl Marx

Je suis d´un autre pays que le vôtre, d´une autre quartier, d´une autre solitude.
Je m´invente aujourd’hui´hui des chemins de traverse. Je ne suis plus de chez vous. J´attends des mutants.
Biologiquement, je m´arrange avec l´idée que je me fais de la biologie : je pisse,
j´éjacule, je pleure.
Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s´il
s´agissait d´objets manufacturés (....)

La solitude, Léo Ferré

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