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La femme est l'avenir de l'homme (Aragon), oeuvre de Danièle Babilliot

La femme est l'avenir de l'homme (Aragon), oeuvre de Danièle Babilliot

L'homme longtemps avait marché.
Trop peut-être ?
Il avait cherché sans savoir l'objet de sa quête.
Puis, un moment, las : il s'était arrêté.
Il était fatigué…
Frustré de lui-même, lassé d'exister.
Si, pour lui, vivre avait un sens.
Lequel, se demandait-il ?
Oui ! Il avait quêté un idéal méconnu.
Il avait bu, s'était désaltéré jusqu’à plus soif
Au bouillon de la vie : 
Il s'était saoulé à la bêtise humaine et à la sienne.
La tête lui faisait mal et son cerveau engourdi.
Alors qu'il n'avait pas encore, même, connu le monde...
Déjà dépité ; bien plus, déprimé, apathique.
On le surprit, le prit, l'arrêta, le questionna
 Sans intérêt et on l'embastilla.
D'amour, nenni ! 
Mais n'en avait-il eu d'autre que filial ?
N’en avait-il jamais donné ?
On lui refléta le mépris, la haine.
Lui qui avait failli tuer pour vivre…
Mieux, survivre.
Enfin, il y croyait.
Il avait ignoré la méchanceté et la bassesse ;
Il était alors descendu au fond de la solitude.
Là où on bien avec quiconque...
Et surtout pas avec soi-même
De personne, il ne voulait.
Mourir ? Non pas ! 
Vivre jusqu'au tréfonds de son être.
Reconquérir un par un les appétits amoureux.
D'abord ! S'aimer. 
S'aimer pour se rapprocher de l'autre.
Puis, un jour, un sourire,
Presque insignifiant 
dans un univers où personne ne sourit au quotidien.
Cette esquisse labiale pudique .
La caresse de cette main tendue.
Un mouvement immobile du cœur,
Juste une palpitation à peine accélérée.
Attendre, toujours s'impatienter ;
Jusqu’où ? Jusqu'à quand ?
Construire, non pas l'avenir.
Le futur, ici, ça n'existe pas !
C'est demain toujours et encore.
L'avenir, on s'en fiche, mon Amour !
Réussir, une fois, essayons : bâtir l'amour ;
L'amour de l'autre, l'amour de la différence aussi !
Aimer la vie,
C'est aussi partager en l'autre son existence.
Un avenir libéré avec… un passé inoubliable.

JrB, Ensisheim, le 15 novembre 1980

La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue.

Louis Aragon, Chronique du bel canto

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