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"Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais ; elle est volatile, insaisissable, indestructible.” Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

"Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais ; elle est volatile, insaisissable, indestructible.” Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

Les mots chassent les mots 
et j'habille mes idées avec eux
Ils me le rendent bien, ma vie leur appartient
Qui ne consent dit mot et jamais je ne me tais
seule la Grande Dame aura mon consentement
Le mot est là qui est peut-être tout et qui peut tout être
D'être lui suffit pour signifier, exister
Il peut exprimer la tristesse, le chagrin
Il pourrait conter, narrer le désespoir
Lorsque le besoin s'en ferait sentir et ressentir
Il sait être également la jouissance incarnée
Érotisée, brûlante expression de l'âme
L'âme qui n'est rien d'autre que le regard du corps
Le mot dessine l'amour, affine le trait
Il réverbère la tendresse au bleu des yeux
Chacun de mes sons, mots ou mots à demi
Chacun d'eux est un infime don de soi à Moi
Don à autrui et au monde… du secret qui m'anime
Face visible de ce secret inconnu, irrévélé
Nulle autre transparence que cet épais brouillard
Mot qui nous renvoie à l'infini de l'autre 
De mots fantômes à la face voilée d'un rêve omis  
Pourtant si on pouvait entendre le silence de mon cœur
Alors on entendrait ce que jamais personne ne saura dire
Ni moi ni quiconque : plus qu'un secret, c'est un tombeau
Définitif silence qu'aucun vocable ne saura jamais capturer
Juste pour le rendre à cette vie, ici
Qui lutte pour le crier urbi et orbi
Qui donc saurait parler de cet invisible, cet au-delà du dedans
Lové au fin fond des entrailles dans le sexe et dans la tête
Deux faces dissemblables et harmonieuses de tout individu
Dont toujours l'une se tait pour que l'autre soit
Ainsi l'une est l'autre alors que l'autre est l'une
Dans cette continuelle transmutation des matières volatiles
Je ne sais ni qui je suis, ni où je vais ni comment
Et surtout pour quoi ?
Je suis. Je vais et même si j'y vais, d'un pas parfois hésitant,
Mais toujours persistant et c'est l'amor fati
D'autres fois, avec rage, avec détermination : je marche
Carpe diem
Personne n'a jamais su ce qui au bout du chemin l'attend
Seule et unique, définitive certitude : La Grande Dame en noir
Il n'y a là nulle déception, nul désespoir,
Tout juste l'inévitable fatalité.
Ni gai, ni triste : cela est !
Exclusive forme réelle et exprimable du destin
Tout le reste, ce sont nos mots, nos distractions, 

Élégants habits du vide qui nous entoure et nous enseigne
Enveloppes de notre orgueil, frontière entre deux vides
Là ou il n'y a plus rien… 
On ne peut décidément rien trouver
Quoique nous continuions encore et toujours à chercher
Rechercher le Mot, le Seul
Le dernier avatar de cette origine lointaine
Qui résonne en nous lors du premier frisson de l'éveil
Alors qu'il n'était besoin de parler pour (s')entendre
Encore, nous étions et le mot et la « chose »
Indissociables, liés par le dessein du destin…

JrB, Ensisheim, 16 janvier 1982
 

Avant, c'est le grand silence ; après c'est la grande muette.

Tout vient à point à qui peut attendre.

François Rabelais, Vie inestimable du grand Gargantua

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