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Une Parisienne (opéra, Paris)

Une Parisienne (opéra, Paris)

Telle Alice, je suis passé au pays des Merveilles ;
C’était une nuit de couleur vermeil,
Un jour où l’aurore se teintait d’une goutte d’or ;
Tu t’offrais comme une enfant qui dort,
Quoique plus éveillée que jamais a tous les possibles
Ce miroir de moi-même : criblé de flèches telle la cible ;
Tu frémissais à peine nue sous mes désirs,
Attendant que je me fisse ton exclusif plaisir…

Je t’ai confondue avec cet autre moi-même
Depuis si longtemps (re)cherché : que j’aime et qui m’aime ;
Un autre univers où l’on est soi sans le dire ;
C’est là que demeure le point oméga du Moi, son nadir
S’irradiant au filtre du corps-métal transfiguré,
Lorsque la fusion du désir réciproque se fait azurée ;
Autre monde, autre Moi, autre Toi et autres mœurs :
Remontant de l’abîme et du sang, cette clameur…

Longuement et religieusement : je t’ai admirée ;
Ici, dans l’écriture de tes sens, toute figurée,
Et là dans le verbe de ta chair ; de toi, j’ai joui
La semence de Nous que j’ai profondément enfouie
Jusqu’à l’ultime limbe de ton innocence,
Où la pureté des actes se délie et se pense ;
Par-delà les affres du péché et des mensonges :
Je m’évanouis en la douceur de ton sexe et à la beauté du songe

Ô ma sœur incestueuse qui m’autorisa le fruit ;
Ô mon amante pervertie et perverse de l’absence de tes nuits ;
Ô ma femme qui marche sur les avenues de mon sexe ;
Ô vénusienne jouissance qui m’affûte le corps au silex ;

Il importe que ce soit l’enfer ou le paradis !
Ton miroir-égo est le reflet superbe de tous les incendies ;
Que je m’y consume, m’y perde et m’y sauve, m’y engloutisse
T’en souvient-il, ô ange et démon, d’un dénommé Narcisse…

 

JrB, Ensisheim, 31 janvier 1983

S'il est impossible de ne pas penser à quelque chose, il reste encore possible de penser à autre chose.

Lewis Carroll

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