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Trois petits mots, puis s’en va

Quand les mots nous manquent
Mieux vaut se faire la malle
Le mal de mer avec de mots qui s’entrechoquent
De là ! Tant de nos maux se gaussent de nous
Il y a ces mots qu’on n’a jamais dits
par peur du ridicule
par crainte de l’audace
Il y a les autres
les maux de l’esprit affûtés comme une lame
Le mot de l’ âme qui tranche
Et les mots qu’on ne pensera jamais
parce qu’ils ne seront jamais des nôtres
Trop autre et trop tard
Ces mots trop mâles
masculin à s’en moquer des filles
Et féminin dans leur virilité
Les mots qu’on aurait dû dire
et qu’on a oubliés pour y avoir trop pensés
Des mots, des mots, encore et toujours
Longue litanie d’un désespoir de l’alphabet
Les mots écrits qui demeurent
et les mots dits qui meurent, juste après
Le mot de trop et celui du pas assez
Le juste milieu dans un silence bavard
et qui ne dit mot consent
et viennent alors les maux de tête
Avec des mots pour ne dire rien
Et d’aucuns qui disent tout
Et cela va sans dire…
mais tellement mieux encore en le disant
Mieux vaut boire le calice que dire la messe
Ceux qui boivent les paroles
s’abreuvent de mots à satiété
bâtards d’eux-mêmes
dans une foi lexicale
Et puis il y a les mots de chacun
qui sont les mêmes, mais différents
Même ceux qui n’existent pas
les mots sont les vêtements de l’esprit
Vêtus et têtus comme on parle
Un mot prononcé est déjà un mot de trop !
Et un mot tu est un mort-né
Alors on se fait la malle avec un mot-valise
Des dictionnaires pleins de mots
et nous avec… à la revoyure

JrB, Bertaucourt-Épourdon, 12 décembre 2017

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